Sauvage

Il est celui qui vit en liberté, les hommes en ont fait une bête féroce, un ennemi, le symbole du danger, de celui qui n’a pas de principes. Le sauvage parle d’un état brut. Brut ne veut pas dire brutal, mais ce qui n’est pas transformé. Le sauvage parle pour lui et obéit aux lois de la nature. La nature est sa nature. Le sauvage existe aussi en l’homme et il serait dommage de penser qu’il s’agit d’un tempérament à domestiquer, à taire, car comme son nom l’indique, il peut nous sauver. Se sauver, ce n’est pas seulement courir, mais se secourir. Le sauvage ne cherche pas seulement à s’échapper, mais à réchapper. Il est propre maître en son royaume, un royaume dont il perçoit les limites, celles que la nature lui a fixé. La civilisation serait-elle apte et légitime à fixer les limites du royaume des hommes en accord avec leur constitution ? Le sauvage a beaucoup à nous apprendre pour nous élever. Le paradoxe n’est-il pas formidable ? Le sauvage une forme d’éducation, d’élevage, pour ramener l’homme à ses caractères fondamentaux, à ses intuitions. Sauvage, wild en anglais veut dire «bizarre», non conforme, celui qui est en dehors des règles. Quelle erreur de penser que dans la jungle, c’est la jungle ! Nous devrions revoir les valeurs que nous donnons aux mots ! La jungle ce n’est pas le bazar, le vivant est beaucoup plus organisé que beaucoup de pensées individuelles, car il a été globalement conçu avant d’être créé. Avoir l’opportunité de croiser le regard d’un animal sauvage est une chance, le, se regarder dans ses yeux est un acte magique, une manière de se relier à cette partie de soi qu’aucun miroir ne peut réfléchir. Retrouver cette part de nous que nous avons laissé dormir par peur et par devoir, cette partie de nous qui n’est pas une arme, mais la confiance en sa nature profonde