La mer

La mer

Visage de la danse du cosmos, dont elle bat la mesure. Poumon des marées, qui inspire et respire. Compas de la Terre, qui de son cercle dessine l’horizon. La mer chuchote à notre oreille les bruits sourds du ciel et du ventre de la Terre. Féconde, elle capte la lumière et génère la pluie. La mer est source de divagations pour l’âme et l’esprit, d’évasion pour ceux qui ne respirent plus entre les côtes, sont sur le flanc du littoral. La mer est colérique et contre vents et marées, elle s’emporte et emporte dans son ventre. Aussi douce que monstrueuse, elle est faite de tempêtes et de tempérance. Dans ses eaux de cristal on lit le ciel, dans le bleu de son iris on devine son histoire. Ceux qu’elle a transportés sur son dos, ceux qu’elle accueille, ceux qu’elle a cueillis.
L’air contraint la mer et elle se ride, comme le feu contraint la Terre qui se plisse. Mer et terre, les deux faces d’une même mère ; air et feu, les deux faces d’un même père. Les premières portent, les deuxièmes baptisent des dangers. La mer aime être la mère mais ne peut être amer. Prendre la mer à bras-le-corps c’est se laisser porter, ou transporter dans les bras de ses étendues.
La mer ne se repose jamais, elle est une arpenteuse qui dessine les côtes, pose ses limites, définit les contours et mesure les profondeurs. Ses couleurs ne mentent pas sur son état d’esprit. Ses humeurs changeantes balayent la chromie des bleus, des verts et des gris. Miroir du ciel, elle est le reflet de Kairos. Sur son visage, on peut lire le caractère du ciel et l’esprit du vent.
La mer a bon dos, mais sa surface n’est que surface, car dans ses profondeurs se cachent ses mystères. Au plus profond d’elle-même, dans sa nuit, c’est l’histoire de nos origines, celle du développement de la vie. La mer, comme l’eau qui fait son corps, retient notre mémoire depuis la nuit des temps. Conducteur des ondes, des ondines, relais des messages, la mer bavarde n’est silencieuse que dans ses tréfonds. La nuit des temps, une langue que l’on ne sait pas lire, la mer a tout connu, se souvient de tout, demande respect, parfois sait l’exiger.
La mer est un milieu qui n’a pas de centre. Pas de nombril, pas de naissance, comme si de tout temps elle avait existé. Elle est la première, car la mer est aussi la mère

Air Eau Lumière
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Vos commentaires
05.10.2024 | Priscilla Telmon

MAGIQUE

05.10.2024 | véronique domange

Chère Valérie, merci pour ce texte très inspiré, sur celle qui nous émerveille tous, nous attire , nous bouleverse, nous donne la vie comme peut nous la prendre, c’est fascinant, moi qui vit entourée d’eau, ma passion pour elle ne tarit jamais, bien au contraire, elle agit sur moi à chaque instant, et ses abysses sont les miennes, les nôtres… tant à dire sur le sujet !
Merci en tout cas de lui avoir consacré un petit chapitre.

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