Difficile d'inscrire sa trace dans un ciel changeant .

«Les équilibres sont précaires»

Les équilibres sont précaires

Curieux moment que cette période ?

Un arrêt sur image. Comme l’animal devant le danger reste hésitant à sortir de sa carapace, difficile d’aller de l’avant. À l’affût. Confus. Il est presque impossible de se projeter. Il y a à la fois une perte de repères, des codes habituels de fonctionnement, alors même que de nouveaux n’ont pas encore été évoqués, ni conçus pour être mis en place. Le virage est amorcé, mais on n’en connaît pas encore la destination. Rien ne sert de s’agiter surtout si une autre tempête est en vue.

Quelle tempête ?

De tous ordres. Sociale et climatique. Le feu aux poudres, fin de la poudre aux yeux, des demi-teintes, des promesses.

Quels conseils ?

Ne pas perdre sa boussole intérieure, son fil à plomb. Les équilibres sont précaires, aussi ne pas regarder trop loin, mais au jour le jour. Une mise dans le présent est indispensable. Toute réforme, mesure prise aujourd’hui ne correspondra plus à la situation dans quelques mois (comme un costume pour lequel la taille aura changé). Restreindre la voilure et garder son cap, rester dans sa mesure, contrôler son économie personnelle, que celle-ci soit énergétique (sommeil, alimentation) ou financière (pas le moment d’envisager plus que le nécessaire). Beaucoup seront démunis et auront besoin de l’aide communautaire. Ceux qui peuvent se prendre en charge le savent, ils doivent assurer leur responsabilité auprès de leurs voisins. Le monde était en marche forcée, retour aux nécessités premières. Une terre nouvelle surgit des flots. Se préparer à cette métamorphose. Aujourd’hui est le temps de remettre les pendules à l’heure, à une nouvelle heure.

Une métamorphose, mais de quel ordre ?

Sur tous les plans, à tous les niveaux. Déglobalisation impérieuse en faveur d’une force locale et des valeurs individuelles. On comptera en unité. Le pouvoir ne se fera pas sur les milliers de kilomètres parcourus, bien au contraire. Laisser cela à ceux qui dès à présent explorent d’autres planètes. La nouvelle richesse, ceux qui l’obtiendront seront ceux qui vivront à la hauteur de ce qu’ils comprennent d’eux-même. Ceux-là auront reconsidéré leurs besoins, réenvisagé leurs désirs, ils souriront à la marche du monde, dans la réalisation pleine et entière de leur vie.

Cela nous demandera-t-il courage ou volonté ?

Vous avez porté au pinacle la force de la volonté pour arriver, il s’agit maintenant d’avancer avec courage, c’est-à-dire avec le cœur à l’ouvrage. Il n’y a rien à prendre à l’autre. Si le courage en soi est un allié, la volonté est un muscle contre lequel on lutte. Mettre son cœur à l’ouvrage n’implique pas l’effort, mais la juste mesure de ce dont nous sommes capables. Le courage est l’échelle de la hauteur à laquelle on se hisse, l’envergure que l’on se donne, juste assez pour dépasser d’un millième ce que l’on pensait n’être pas capable d’atteindre. Le courage est un moteur généreux qui permet à l’homme d’aller de l’avant sans peur ni préjugés. À mesure qu’il donne ses preuves dans les épreuves, se déploie l’échelle de sa propre estime, de l’amour qu’il se porte, qui le porte et lui ouvre les portes de tous les possibles. Le valeureux courage aujourd’hui n’est pas de partir au combat pour se faire tuer, ni de faire face à l’ennemi, mais de choisir sa voie, prendre ses engagements, suivre le cap de ses décisions profondes, celles que notre cœur nous aura chuchoté et non celles que notre raison nous aura dicté. Le courage sera d’aller au bout de ses choix, d’être son propre juge et arbitre, pas celui de se taire ni de s’en laisser compter. Le courage sera de dire, d’exprimer ses pensées, ce qui nous tient à cœur, nous porte et nous pousse. Il semble modeste, mais sa sincérité permet de garder sa route, même en changeant de point de vue pour s’adapter avec aisance aux imprévus. La volonté s’obstine dans sa destination, le courage à l’énergie de l’audace. L’un est de prendre sur soi tandis que l’autre est de puiser en soi.

Volonté d’un jour, courage de toujours… ces deux-là ne sont pas de la même famille. Le courage aujourd’hui est à la désobéissance. Le cap que nous sommes en train de franchir est de sortir du déterminisme pour ouvrir le champ des possibles

Texte audio

Réagir à cet article

Vos commentaires
Il n'y a pas de commentaires pour le moment.
Partager