Miroir

S’il n’est pas aux alouettes, lui redonner son crédit. Le miroir n’est pas un mirage, mais un outil de voyage au delà des nuages. Porte ouverte vers l’autre monde, au centre … au-delà de l’image, au-delà de l’imaginaire, reflet étincelle du cœur tenu en secret dans les méandres des traits du visage. Miroir, trait d’union entre les réalités pour que la vue, sens inouï, puisse toucher dans sa boule de cristal  ( le cristallin) toutes les images enfin superposées. Le miroir n’a pas de facettes, ni de face, il est du pile et du face, de l’envers et de l’endroit. La voie du devant et du derrière (futur et présent) . Il augmente la réalité, ne se tient pas dans la vérité, mais dans tous les faciès réunis. Il ne ferme pas, mais ouvre le passage plus loin que le visible : profondeur et tunnel. Lorsqu’il renvoie le soleil, comme lui, il brûle, preuve est là de sa fonction : révélateur du sens profond, de l’énergie des choses, plus que de leur représentation. Le miroir est sans égo  ni artifices, sa fidélité n’est pas toujours bien reçue. Il n’est pas le cadre offert à l’icône, n’est pas le tabernacle siège des adorations, mais la fenêtre ouverte qui appelle au Soi, à l’âme qui s’y dévoile cachée dans sa transparence, au-delà des apparences. Une sorte de transfiguration. L’écran, le voile offert nous invite à entrer dans l’intimité de notre temple, à nous dessaisir de la réalité de la matière et de la raison de notre dimension.

Miroir, objet vertical ou lac, étendue horizontale, reçoivent l’image en leur seing et la transcendent dans ses contours en un reflet d’éternité que l’on perçoit fugace. Mais il n’en est rien, car les miroirs eux aussi, possèdent la mémoire. Se souviennent de ceux qui s’y sont arrêtés. Ils sont clairs-voyants et plaque sensible-révélatrice.  Sept ans de malheur, dit-on pour un miroir brisé… mort, autodafé, immolation de tous ceux qui s’y sont contemplés… Se mirer est contempler son âme. Bien au delà des vanités, le miroir est le cadre de réflexions