1596-1650 Mathématicien, père de la philosophie moderne.

1596-1650

«Vous pensez, mais ne savez plus qui vous êtes»

René Descartes

Que pouvez-vous nous dire en cette période de doute ?

Doute ! Pour vous le doute est la balance et l’incertitude, le doute dont je parlais était autre, il ouvrait aux questionnements et à la remise en cause des postulats pour faire progresser la science. Pour vous c’est un doute face à vous-mêmes qui est à l’œuvre : le doute qui vous permet de revoir vos assises, le doute de la frénésie de votre époque, le doute de tout ce qui vous a échappé, le doute de ne pas être dans le chemin de vos vies. Un doute lié à des peurs, votre doute est un doute affectif, un manque de sécurité et d’assurance en soi, vous pensez, mais ne savez plus qui vous êtes.

Cogito ergo sum ?

C’est plutôt «je ne sais plus qui je suis et donc je ne sais plus ce que je pense». Aujourd’hui ce sont les fondements du «je suis» qui sont à penser (panser). Vous pensez trop et n’êtes plus.

L’esprit d’aujourd’hui s’appellerait-il conscience ?

Oui, la conscience d’être. Je suis la conscience de mon être et donc je suis libre de penser. Il y a une libération impérieuse des corps pour libérer la pensée. Vous êtes allés au bout de l’ère du cogito, confondu avec l’égo. Une dimension plus vaste et plus première encore de la pensée.

Quel serait aujourd’hui le sens de la métaphysique ?

Vous passez à un univers plus vaste, une conscience de votre système solaire. J’ai défendu l’héliocentrisme et c’est dans un mouvement plus vaste que vous vous situez. La découverte de la vie sur d’autres planètes qui vous sera révélée, comme à mon époque les travaux de Galilée sur le soleil. Méditations métaphysiques… Méditations galactiques, votre horizon ne s’ouvre plus à une ligne, mais à une vastitude de champs, de champs d’énergies et de champs de consciences. L’homme s’ouvre à plus grand que ce qu’il croit qu’il est. Le «je pense donc je suis» devient «je suis car j’existe dans l’espace».

Vous avez prôné la supériorité de l’homme sur l’animal…

Et oui, tout le monde commet des erreurs, je vois bien où je suis que les animaux qui m’entourent ont leur âme.

L’homme a voulu maîtriser la nature ?

Une des plus grandes erreurs de l’humanité. Il va comprendre dans un retournement de situation qu’il s’est trompé… que je me suis trompé en pensant qu’il s’agissait d’une voie à suivre. L’humanité d’aujourd’hui est à la fois plus fragile, mais dans une énergie moins présomptueuse quant à son avenir. Je ne parle pas de ceux qui veulent vaincre le temps et la mort… que ceux-là habitent l’espace qu’ils se construisent… là où la nature n’est pas, la vraie vie ne peut être.

Quelle serait la vertu de nos doutes ?

Retrouver ses fondements et fondamentaux personnels, les formes constituantes de la vérité de chacun. La vertu du doute est celle qui vous pousse vers vos vérités.

La vérité en ce moment ?

Vous êtes dans le maelström des contradictions. La vérité éclatera comme un bourgeon, mais ce n’est pas encore le printemps. La vérité n’est qu’évidences, pas plus, la vérité ne s’encombre pas de discours, de preuves, la vérité s’impose d’elle-même et pour l’instant l’espace n’est pas libre pour qu’elle s’y pose. Il faut faire place nette avant toutes choses.

Comment voir la vie avec philosophie ?

La philosophie ! En cette période, elle est la plus à même d’être juge et arbitre de la stabilité ambiante. La philosophie stoïcienne1 est celle du moment, à appliquer dans vos attentes. Pas ce qui est dit, mais la manière dont on se comporte. Seul le sage est heureux et libre. Votre criant besoin de liberté se trouve dans la sagesse de vos actes et de vos pensées.
La science s’est ouverte à d’autres domaines d’expérimentations qui ne me sont pas chers et qui pourraient vous coûter cher2. Je l’avais assez dit, pour être il faut penser. Les machines n’appartiennent pas au monde de la pensée, car la pensée qu’est-ce que c’est ? C’est la capacité d’une autoévolution en spirale, la machine d’elle-même ne peut induire ce mouvement qui est propre au vivant, la machine ne pourra donc jamais être un vecteur de pensée.

Que faites-vous ?

Je suis en retrait et spectateur, je n’ai pas trouvé ma place dans la réflexion des futurs. D’autres philosophies vont naître, sont à venir, ce sont celles-là mêmes qui m’intéressent. Je ne pense plus et donc ne suis plus, mais j’y reviendrais quand le temps sera là pour ces philosophies et pour moi.

Le Cartésianisme ?

D’autres cartes, d’autres enjeux, d’autres en-je … d’autres pensées. À la raison se substitue le bon sens, et à votre ouverture, d’autres sphères, le paysage a changé. La raison est trop à l’étroit dans la maison de la Terre. De la raison la connaissance doit se détourner, pour aller vers la conscience

 

  1. Selon le cartésianisme : le bonheur, la prospérité pour les hommes, consiste à accepter le moment tel qu'il se présente, à ne pas se laisser contrôler par le désir du plaisir ni la peur de la douleur, à utiliser son esprit pour comprendre le monde et à faire sa part dans le plan de la nature, à travailler ensemble et à traiter les autres de manière juste et équitable.
  2. Comprendre l'intelligence artificielle.

 

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Vos commentaires
26.04.2024 | Catherine de Compiègne

Excellent.

26.04.2024 | Anne

Bravo ! Ce que je trouve étonnant, déroutant, émouvant c’est la simplicité, l’humilité de ce gd homme disant sur certains points , oui je me suis trompé .

«  La pensée c’est la capacité d’une auto- évolution en spirale «  !!!!

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