700 000 fois plus petite qu’un humain, 5 yeux, 11 400 battements d’ailes par minute.

«Vous nous trouvez moches»

Les abeilles de l’été.

Chères abeilles, parlez-moi…

Nous survolons la vie car nous surveillons la vie, nous veillons à sa continuité, à sa persistance. Ainsi tout ce qui a trait au vivant nous concerne. Nous sommes les gardiennes du vivant, des travailleuses pour que la variété et donc, l’espèce, se perpétue. Le cycle des perpétuités, un cycle vertueux aussi. Recycler nous faisons. Vous avez mis en place les vertus cardinales, théologales, nous, sommes les représentantes des vertus du vivant. Que le vivant persiste, nous en sommes les garantes, au-delà des formes, de la persistance des formes et de leur empreinte.

Quel est votre message ?

Ne tuez pas votre père et votre mère. Nous ne sommes pas jolies, nous ne sommes pas sophistiquées, seul notre travail, notre mode opératoire sur Terre est important. Nous assurons dignement notre fonction, et cela, croyez-nous, nous emplit de joie. Pas de domination, juste le maintien d’un équilibre. Lorsque nous piquons, nous mourons. Notre arme nous est fatale. Nous savons que nous signons notre mort. Pourtant notre dard nous a été confié, on nous a dit : «c’est votre arme ultime, elle vous permettra en cas de danger de rejoindre les cieux, le miel des cieux, d’où vous venez.» Donc quand vous marchez sur nous par inadvertance, ou si vous nous frappez, nous ne vous en voulons pas, cela écourte simplement notre passage ouvrier… Mais s’attaquer à la ruche, c’est différent, c’est s’attaquer à l’essaim… celui qui est Saint.

Nous travaillons avec la géométrie sacrée. Notre mission est une alchimie du vivant, ou rien n’est laissé au hasard. Seulement, nous avons le libre choix de butiner, de nous nourrir de ce qui nous attire, nous sommes dans la joie de notre travail.

Nous nous demandons pourquoi vous avez peur de nous ? Nous ne comprenons pas. Réfléchissez-y ! Quand vous croisez notre chemin, vous ne ressemblez pas à ces belles fleurs qui nous attirent. Quand la fin de notre vie approche, souvent vers la fin de l’été, c’est votre automne que vous célébrez, et nous, nous avons fait votre miel pour l’hiver.

Parlez-moi du miel…

Il est dans ses rayons la parfaite alchimisation qui coule de la source. Le miel est le nectar des Dieux. Le miel est éternel, il se conserve et conserve. Il est un gage d’éternité, car en lui sont contenus toutes les essences, les carburants du vivant. Le miel nourrit et soigne. C’est l’eau bénie de la nature.

Notre travail est double. Nous œuvrons pour le miel et nous mélangeons le masculin et le féminin, nous pollinisons. Le miel est l’aboutissement, mais le parcours de sa fabrication est vertueux dans toutes ses étapes. C’est un Graal. Regardez, en croyant obtenir de l’or (le miel est doré comme l’or), nous générons la vie. Nous fertilisons, sommes des agents créateurs, les fleurs deviennent des fruits. Nous sommes des ingénieurs au sens ingénieux, notre laboratoire est la nature, nous fabriquons, in aéro (comme vous le faites in utero).

Les arbres et les plantes sont nos coéquipiers, il y a ceux qui nous attirent et ceux qui nous repoussent. Nous communiquons par des voies savantes. Ils nous portent et nous les transportons. Ils ne bougent pas, mais c’est grâce à nous qu’ils se déplacent, alors imaginez comment ils nous remercient de les faire voyager ! Quelle magique collaboration !

Le soleil est notre Dieu car par lui viennent le cycle du printemps et celui de l’été. Il fixe notre naissance et notre mort. Le miel est notre hommage pour lui rendre grâce. Voilà pourquoi c’est le nectar des Dieux, du Dieu soleil. On parle des larmes de Ré, le miel est son expression sur Terre. L’œil de Ré, énergie du soleil, se manifeste par le miel.

Qu’avez-vous à nous enseigner ?

Aussi moches que vous nous trouvez (nous n’avons pas une taille de guêpe), parlons de notre utilité. Vous nous voyez comme des ouvrières, les factotums d’une colonie, des esclaves, bonnes à vous faire du miel et des fruits ! Mais nous sommes les messagers du vivant, nous portons la vie et y participons avec fierté. «On a toujours besoin d’un plus petit que soi», l’avez-vous oublié ?́  

Nous avons été élevées en symbole, divinisées par ceux qui comprenaient la nature de notre nature, notre fonction royale. La royauté a abusé de ses privilèges, l’image des abeilles est la noblesse incarnée du bien commun. Cela nous semble curieux que vous parliez de nous protéger alors que vous faites sans cesse mourir notre écosystème. Réfléchissez- y !

À bien nous observer et nous comprendre, vous pourriez sans doute sauver votre peau. L’heure est à  l’urgence : dare-dard… allez un peu d’humour, car nous travaillons en chantant, ne l’oubliez pas

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