1900-1944 Aviateur, écrivain, messager du vent, du sable et des étoiles.

1900-1944

«Garder la vigie et caresser l’apesanteur»

Antoine de Saint-Exupéry

Quels messages pour le monde en ce moment ?

Un vol plané. Surfer sur la vague. Un raz-de-marée. Il y a un trou de ciel bleu dans le noir du ciel, une échappée possible, une porte de sortie. Comme une échappatoire à toutes les vicissitudes des hommes envers la terre et envers eux-mêmes, qui se trouveraient d’un coup de baguette magique volatilisées. Une aspiration effectuée par un bon génie. Il faut garder de la hauteur et la vigie. Vigilance. Être vigilant envers soi-même et aux signes annonciateurs des perturbations, en ligne de mire. J’ai été moi aussi aspiré par la spirale descendante, il se pourrait qu’une autre spirale, ascendante cette fois, change la face du monde.

Que voulez-vous dire ?

Du pile au face. Un retournement de situation. Ceux qui sont aux manettes ne commandent plus, une sorte de pilotage automatique dans un couloir insensé sans avenir, ni horizon souhaitable. Vents magnétiques, tornades, éclairs. Je me suis vu plonger, le grand plongeon dans l’inconnu, moi qui volait, évoluait et souhaitait toujours prendre de la hauteur en toutes circonstances, quel quiproquo !

Parlez-nous du Petit Prince…

Un enfant des étoiles comme nous, vous tous, il le sait. Je le dessinais. Maintenant, j’y suis : un cheminement dans le vent de l’Astrée. Je suis heureux qu’il inspire, car le Petit Prince aspire à autre chose, c’est un peu un Gabriel, un messager, dans sa candeur il porte la parole. J’ai écrit ce livre sous la dictée de l’un de ces enfants venus du ciel. Une sorte d’ange, bien sûr. Il est un conducteur. C’est lui qui m’a accueilli au fond des mers, là je ne l’attendais pas. En fait, le Petit Prince est un passeur, un guide dans sa pureté.

Que pensez-vous du courrier électronique ?

Le capital du temps est révolu, il n’y a plus de nouvelles, car chaque information avant même de naître est déjà morte. Lissage de la toile de l’espace et du temps. Que reste-t-il à conquérir aujourd’hui ? … L’instant. Il faut trouver les vertus de l’instant… Les quelques grammes de l’instant, voilà votre image, carte de visite. Poussière à l’échelle du temps.

Que faites-vous ?

J’ai fait mon temps. Je m’occupe des songes, j’accueille ceux qui arrivent. J’ai mis du temps à comprendre que je suis arrivé à destination, que je ne décollerai plus. J’ai toute ma vie cherché à caresser l’apesanteur, à jouer avec elle.

L’apesanteur hier… et demain ?

Planer, conserver l’équilibre, économiser ses forces, ne pas trop dépenser, gaspiller, profiter d’un statu quo pour assurer son équilibre et jouer avec les vents, ceux qui portent dans le bon sens. La guerre n’est plus dans les airs, la guerre est démodée, il s’agit maintenant de balance, d’équilibre des forces, de stratégie entre les blocs. On ne parle plus d’unités de soldats, ni de corps d’armées. Ceux qui possèdent le pouvoir sont aux manettes de l’économie, de l’argent, mais pour un temps, car tout cela va changer demain. À mon image, on croit voler, planer, et l’on tombe dans un trou. Attention aux trous dans le ventre de la terre et dans l’œil du ciel. Les forces au combat ne sont plus les mêmes. Vous ne vous en rendez pas compte, vous pensez que mon époque n’est pas loin et pourtant si, les paramètres ont changé.

Que voulez-vous dire ?

Les enjeux sont différents.

C’est-à-dire ?

Chacun tire la couverture à soi, mais la couverture est commune et extensible.

D’autres planètes ?

Oui, d’autres planètes… comme l’a dit le Petit Prince, plus vite que vous ne le pensez.

Mais de quelle planète parlez-vous ?

Une petite sœur de la Terre que vous coloniserez, où il y aura tout à construire, mais où la vie pourra s’établir, avec quelques autres conditions, bien sûr. Ceux qui voudront y aller s’y mettront en exil. J’ai maintenant passé les portes du ciel, mais il m’a fallu du temps pour le reconnaître.

Comment avez-vous écrit le Petit Prince ?

Sous la dictée, l’emprise de l’Empyrée du ciel. Ce livre n’était pas une construction, mais un témoignage de ce que je percevais et voyais : un voyage onirique. Très grande richesse de l’accomplir dans mes envols. Voilà pourquoi j’ai été cloué à la terre, moi qui y étais si peu attaché. Pas d’enfant, un amour, j’ai navigué dans les lignes du ciel, dessiné les autoroutes, tracé les sillages. Redessiner la carte du ciel sur la terre, voilà quel a été mon rôle. J’ai laissé un sillage et cela me conforte. Il est important de faire sa part, de laisser son empreinte (pas carbone). Aujourd’hui les vôtres sont autres. Dans la paix des nuages, que les rêves bercent vos lignes de vie

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Vos commentaires
26.04.2024 | véronique

Merci pour cet article génial, très inspiré et inspirant.

26.04.2024 | Felix

Vive les dialogues avec l’apesanteur ! Merci pour ces mots très inspirants !

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